CONFÉRENCE présentée par Laurent BRUXELLES (pour mémoire, membre de la SCSP) : Le karst du « berceau de l’humanité » Formation, remplissages et implications pour la connaissance de l’évolution humaine.

Conférence organisée par Géosciences Montpellier et l’École Doctorale Sibaghe
Vendredi 28 février 2014
14h SC23.01 Campus Triolet, UM2 , MONTPELLIER

 

Résumé:
La région de Sterkfontein (Gauteng, Afrique du Sud) a été classée patrimoine mondial de l’UNESCO en 1999 sous le nom de « Berceau de l’Humanité ». Dans un paysage de basses collines couvertes d’herbes et de buissons se cache un véritable trésor pour les paléontologues, qui étudient les animaux fossiles, et surtout pour les paléoanthropologues, qui sont spécialisés dans les ancêtres de l’Homme. En effet, la dolomie, vieille de 2,5 milliards d’années, est creusée de nombreuses grottes dans lesquelles des vestiges d’hominidés ont été piégés. Bien que ce ne soient pas là que l’on trouve les fossiles les plus anciens, cette appellation a été choisie en référence à leur densité. En effet, sur une surface de 25000 hectares, ce sont près d’un tiers des vestiges d’hominidés de tout le continent africain qui ont été découverts, soit près d’un millier. En outre, ces vestiges couvrent une période chronologique fondamentale, entre -4 et -1 millions d’années, au cours de laquelle les premiers hommes (c’est-à-dire appartenant au genre Homo) sont apparus. Il existe donc dans ces grottes la possibilité de trouver des éléments de filiation entre les hominidés, représentés ici par deux espèces d’australopithèques, et les premiers Hommes dont nous descendons. Parmi ces vestiges se trouve le squelette d’un australopithèque presque complet : Little Foot. Son état est d’autant plus remarquable qu’il est seul, parmi des milliers d’ossements éparpillés dans le site, à être en connexion anatomique. Découvert en 1997, ce fossile exceptionnel est aujourd’hui en cours d’extraction, sous la direction de son inventeur Ron J. Clarke, paléoanthropologue à l’Université du Witwatersrand à Johannesburg. Depuis plusieurs années, à la demande des chercheurs sud-africains, une équipe française collabore à l’étude de ces karsts particuliers et des fossiles qu’ils recèlent. L’un des objectifs est notamment de répondre à la question clé de l’âge des ces fossiles et donc de leur datation. Plusieurs chercheurs de disciplines variées se sont donc attelés à cette question et apportent aujourd’hui les premiers éléments de réponse qui permettent de replacer ces fossiles dans l’histoire de l’évolution de l’Homme.


Mini CV:

Laurent Bruxelles est responsable scientifique à l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (Inrap). Géomorphologue et karstologue de formation, il collabore avec les archéologues à l’étude de nombreux sites en France et à l’étranger (géoarchéologie). Parmi ses travaux à l’étranger, il coordonne l’étude des karsts du « Berceau de l’Humanité » en Afrique du Sud. Il est d’ailleurs rattaché à l’Université du Wittwatersrand (Johannesburg) et co-directeur du Pôle Afrique de l’UMR 5608 du CNRS.