Compte-Rendu EDS – Stage octobre 2021

Voyage au Centre de la Terre

Il était seulement 7h50 lorsque nous nous sommes réveillés au son des doux vagissements de Thynaèle, qui criait : « Levez-vous bande de cons ! » en secouant nos tentes. Contre notre gré, nous l’avons écouté et nous sommes allés petit déjeuner dans le dôme, où nous avons mangé des tartines, du lait, bref, un petit-déj (bravo le CDS pour l’originalité) (quoi que Mathis s’est contenté d’un ver de terre) (repas typique du spéléologue) (oui, c’est un monde cruel) (protégez vos enfants).

À 9h30, tous étaient frais et dispo pour commencer cette nouvelle journée de spéléo, jusqu’à ce que Yann et Bastos le Bolosse (aussi dit Bastien) nous annoncent qu’il nous fallait une heure de marche d’approche pour atteindre l’entrée de l’Event de Brun. Étrangement, l’enthousiasme est redescendu. Mais avant que quelqu’un n’envisage d’aller se recoucher de désespoir, nous sommes partis pour les hauts sommets embrumés sur lesquels se situait notre objectif. Le chemin de terre battue était long et périlleux, et à certains endroits impraticable (autrement dit : un « chemin Wish », dans le langage de nous autres, les jeunes, les vrais) (seuls les plus avertis comprendront). Enfin, nous sommes arrivés en aval d’une faille encombrée par la rocaille. Une fois les combinaisons, casque et baudrier mis, nous avons enfin pu pénétrer dans les noirceurs abyssales de la grotte.

Après quelques minutes de marche, le groupe est arrivé à l’entrée d’une immense diaclase, titanesque, colossal, que dis-je, gargantuesque (voyez comme mes sens ont été troublés par l’ampleur du lieu), en bas de laquelle se trouvait un lac étroit. Sur la rive était échoué un canoë, d’où le nom du lac : « Lac du Canoë » (ils se sont pas foulés, hein). D’après notre vieux sage, Jean-Ivre (que d’aucuns appelaient Jean-Yves, il fut un temps), le canoë se trouvait là lors de la découverte de l’Event (étonnante forme de concrétion, ne trouvez-vous pas ?). FORTS DE CE CONSTAT, nous l’avons emprunté par petits groupes le temps de la traversée. Une fois sur l’autre rive ; stupeur ! Nous avons dû escalader la paroi escarpée dans des versants de la diaclase… Et même à la lueur de nos lampes frontales, dont la Scurion de Yann le profane (aka Yann la banane) ce qui n’est pas peu dire, nous ne pouvions distinguer le plafond de la salle.

Bref, ainsi continua notre aventure grotesque (adj : provient du nom commun « grotte », comme son nom l’indique), parsemée d’argile, de poussière, et de flaques, le tout saupoudré de caillasse (ça aussi, super original pour une grotte, merci le CDS) et avec un zeste de courbatures. Je vous passe les détails : quelques crevasses, plusieurs mains-courantes, et de monstrueux blocs de calcaire en travers de notre chemin. Puis, vers midi, nous sommes tous arrivés dans une cavité assez large pour que nous puissions y manger à notre aise. Bref, j’abrège parce qu’à l’heure où j’écris, il est 1h du matin et je dois rendre ce fichu compte-rendu pour demain matin (et je viens encore de perdre du temps à écrire ces lignes) (je me dévoue à la spéléologie) (je suis sympa, quand même).

Ainsi donc, nous avons mangé, bercés par le bruit blanc de l’eau qui ruisselait sur la paroi du fond. À cette occasion, j’ai proposé d’éteindre toutes les lumières et de faire silence, mais la lueur rouge de veille d’Adeline la Coquine la Rouquine et les flatulences de Mathis le _ _ _ _ _ (pas d’inspi, complétez vous-même) ont quelque peu altéré la magie de l’instant… Puis Thynaèle s’est mise à chanter « My Heart Will Go On », en réponse à quoi retentit un : « Oh ta gueule ! » « Barrez-vous, il va pleuvoir ! ». Enfin, nous nous sommes séparés en deux groupes dont l’un a rebroussé chemin et l’autre est allé de l’avant. Celui ayant continué (le meilleur) (le mien) a atteint l’objectif prévu et a pu rapidement explorer la « Galerie des Marmites », très belle, mais fatale comme une femme en période de ménopause (ne cherchez pas à comprendre : les blagues perdent de leur logique au-delà d’une certaine profondeur). Et avec tout ça, il n’y avait même pas de wifi (merci le CDS et surtout « svp monsieur le Président, fait péter la CB wesh »). Moralité : Le réseau de grottes est mieux développé dans cette région que le réseau mobile.

Enfin, nous avons fait demi-tour et nous sommes sortis quelques minutes après le premier groupe, qui avait pris son temps. En vérité je ne puis vous dire grand-chose d’intéressant à propos du retour car d’une part c’était la même chose qu’à l’aller (et il ne faut pas abuser des bonnes choses), et d’autre part, un grain de sable s’est logé dans mon œil et je n’ai rien pu voir du trajet retour… Nous sommes donc rentrés à pied après 7h de spéléo, éreintés et frissonnants, marchant sous une averse de pluie (pour ajouter aux côtés dramatiques).

Une petite journée, en somme.

Gaston LW