Plongée

 

Siphons des rivières souterraines de France

par H. SALVAYRE

Inventaire descriptif par département et par commune des conduits noyés ou siphons des rivières souterraines des massifs calcaires du Bassin Parisien, des Ardennes, du Jura, des Alpes, du Quercy, du Languedoc-Roussillon, de Provence, des Pyrénées, des Grands Causses et autres lieux…

D’après les résultats des explorations effectuées en France par les plongeurs spéléologues au cours du Xxe siècle.

1000 pages, 21 X 29,7 cm, Tome 1 et tome 2.

Prix TTC : 125.00 €

http://www.editions-du-beffroi.com/

 

Table des matières, présentation

« Nous » – plongeurs spéléologues – ne saurions trouver une explication simple et unique du besoin que nous avons éprouvé de dresser l’inventaire des siphons des rivières souterraines de France.
A l’origine, nous pouvons y retrouver la déformation de la pensée du professeur naturaliste habitué à manipuler la systématique, à classer, ordonner, synthétiser pour tenter d’expliquer les cheminements de la trame évolutive qui unit les fossiles aux vivants pour déboucher en fin de compte sur l’éclatant buisson de la biodiversité.
Quelle place pouvaient prendre les siphons dans le cadre de ces réflexions ? Inertes par la pierre, animés par les eaux, découverts par les hommes, à la limite du milieu éclairé et de celui toujours obscur, frange d’un autre monde, nouvel écotome de la pierre et de l’eau, par tous ces caractères les siphons méritaient que l’on se préoccupât d’en dresser un jour l’inventaire.

A la fin de ce siècle, à la fin du premier centenaire de la pratique de la spéléologie, les siphons demeurent les zones les plus excitantes du monde souterrain inconnu vers lesquelles s’oriente la curiosité débordante des spéléologues plongeurs, qui conjuguent leur imagination à celles d’efforts physiques exceptionnels pour découvrir l’au-delà de l’obstacle aquatique ; en dehors du plaisir physique et intellectuel qu’ils éprouvent à les explorer ou à les franchir, les résultats de leurs travaux constituent des données scientifiques uniques pour une meilleure compréhension de la structure des réservoirs calcaires, où se mettent en réserve les eaux souterraines. Chaque siphon constitue un regard sur une rivière souterraine : sur son point d’émergence, sur son parcours, ou sur le réservoir de la zone saturée du massif qui assure son alimentation. A ce titre, l’inventaire constituera un premier inventaire des rivières souterraines de France mais surtout une base de données originale pour les hydrogéologues. Elle met à leur disposition les informations nécessaires pour estimer l’existence des zones saturées dans les massifs calcaires et autoriser des tentatives de reconnaissance plus approfondies par forages.

Comme le sont souvent la plupart des inventaires qui concernent des entités inertes ou animées, on ne cerne pas toujours pour qui on a dressé l’inventaire… jusqu’au jour où l’on décide de s’y référer ou que quelque esprit curieux découvre à travers lui des éléments qui orientent une nouvelle réflexion. Ce que nous savons c’est qu’il fallait le faire pour que ne tombent pas dans l’oubli les résultats de « Nos » explorations aventureuses, passionnées et bénévoles.

Comme nous avons pu le constater très souvent, les grands services de l’état les ignorent et font souvent entreprendre des recherches coûteuses, alors que la réponse a souvent été apportée par les travaux que « Nous » menons sous terre depuis un siècle. Un siècle au cours duquel la spéléologie n’a pas su trouver une place véritable et durable dans le milieu scientifique et universitaire, malgré de très louables tentatives. Aujourd’hui, la pénurie d’eau potable qui s’annonce oriente l’attention des opérateurs vers les ressources souterraines des massifs calcaires, où vont enfin se recouper les besoins de trouver de l’eau avec « Nos » travaux.
Beaucoup de plongeurs spéléologues ont laissé leur vie dans le déroulement de cette conquête aventureuse des milieux noyés. Victimes du besoin de s’identifier, emportés par la passion au-delà des limites d’une sage existence, ils ont fait leur les paroles du plus brillant d’entre eux (J. Hasenmayer) : « Vivre c’est être en danger de mort, plonger en siphon c’est vivre intensément ».

Ayant à notre tour effleuré cette pratique, nous en avons conçu une admiration bien fondée pour leurs prouesses, mêlée d’une efflorescence de jalousie, de savoir qu’ils pouvaient observer in situ les chenaux des massifs calcaires par où transitent les eaux souterraines que nous imaginions par de laborieuses analyses d’hydrogrammes de tarissement.

Nous savons aussi que malgré tous les soins que nous avons portés à sa conception, malgré l’aide généreuse de plusieurs collègues qui relurent nos premières ébauches, nous nous exposons à la critique.
Nous en prenons le risque et en admettons la normalité. De la même façon qu’il fallut bien qu’un jour d’entre nous se décide à plonger un siphon, il fallait faire un jour le point sur nos recherches. Nous l’avons fait avec ce qui avait été écrit par des spéléologues plongeurs sans rien rajouter ni retrancher, souvent de la façon dont ils l’avaient vu ou ressenti.

L’inventaire des siphons des rivières souterraines de France est fait à partir des données publiées dans :
– Info-Plongées (I.P.) Bulletin de la commission de plongée souterraine de la F.F.S.)

– Sifons, Bulletin des commissions de plongée d’Ile-de-France

– Comité National de Spéléologie (C.N.S. 1950-1960)

– Spelunca (Série ancienne depuis 1931 et Bulletin de la FFS de 1960 à 1999)

– Spelunca Mémoires

– Annales de Spéléologie (CNRS 1946-1972)

– Spélé-Oc, de nombreux bulletins internes Français, Belges, ou Suisses…

… et des informations orales.

Depuis des décennies les spéléologues Français tentent de franchir les siphons en plongée. Ils ont acquis dans ce domaine une notoriété internationale de très grande renommée. On compte quelques ouvrages de synthèse sur ce sujet. Parmi les plus complets et dans l’ordre chronologique on peut citer les suivants :

– Toute la Spéléologie (Guy de Lavaur, 1954)

– Plongée sous la terre (Jasinski, 1965)

– Les scaphandriers du désert (F. Leguen, 1986)

– Au-delà des Siphons (Henri Salvayre, 1995)

– A l’étranger le plus connu est celui de Martyn Farr : The Darkness Beckons, paru en 1980

De très nombreux articles plus ou moins importants relatent les chemins parcourus dans les conduits noyés souterrains par les spéléologues plongeurs devenus des « spéléonautes ». L’article de M. Letrone paru en 1955 : « Plongées souterraines », a marqué une étape décisive dans la conduite de l’exploration des siphons. Il y en eut d’autres par la suite, souvent courts mais chargés d’une très vive émotion physique propre à stipuler l’imagination des plus revêches.

Enfin vinrent s’ajouter les résultats des travaux de spélélogues-pompeurs qui enlevèrent aux plongeurs leur milieu favori mais ramenèrent de leurs expéditions toujours très lourdes une foule d’informations nouvelles sur le milieu souterrain saturé. Dans ce domaine, il faut noter les travaux des spéléologues du Tarn et Garonne, du Gard, de l’Aveyron, de l’Hérault, de l’Aude, du Var, de Bourgogne.

Nous avons recensé 1378 siphons répartis dans 55 départements et 775 communes. La plupart sont dans la continuation de la surface d’affleurement des sources, résurgences et fontaines qui naissent sur la bordure des massifs calcaires du Bassin Parisien (Normandie, Lorraine, Bourgogne, Champagne), du Jura, du Vercors, de la Haute Savoie, des Alpes Maritimes, de Provence, du Vivarais, des Garrigues Languedociennes, des Pyrénées, des Grands Causses, de la Montagne Noire, du Quercy…

D’autres sont au contact de la Méditerranée et correspondent à d’anciennes grottes inondées par la remontée des eaux marines au Quaternaire ancien. Nombreux sont ceux qui s’opposent à la progression au fond d’une grotte à plusieurs kilomètres ou à quelques centaines de mètres de l’entrée ou au fond de gouffres de haute montagne, parcourus par des torrents glacés qui coulent entre des roches tranchantes. Ceux qui ont une fois aidé au transport du matériel des plongeurs dans des cavités horizontales peuvent imaginer la somme des difficultés à vaincre pour parvenir à ces siphons au fond des gouffres.

L’inventaire est dressé par département et les rivières souterraines avec leurs siphons sont classées par ordre alphabétique. En tête de chaque liste départementale nous donnons un petit aperçu géologique et hydrogéologique de la région naturelle et du ou des massifs dans lesquels se situent les rivières souterraines.
La description de chaque siphon est conçue suivant le principe de l’inventaire spéléologique de Louis Balsan, à savoir des rubriques simplifiées donnant le nom, la commune, la description, les noms des plongeurs spéléologues, les références bibliographiques, soit six rubriques numérotées de I à VI :

N° et Nom du siphon

I.                   Nom et nature (grotte, aven, résurgence…)

II.                 Commune

III.              Situation géographique

IV.               Description

V.                 Plongeurs

VI.               Bibliographie

Les titres des rubriques ne sont pas répétés dans l’inventaire, mais tous les numéros y figurent, même si aucun texte ne les accompagne.

La définition de la nature de la cavité dans laquelle se situe le ou les siphons a été facile. Par contre l’utilisation des termes : résurgence, exsurgence, émergence prête souvent à confusion. Nous avons retenu l’indication des auteurs.

Les noms des communes nous ont posé quelques difficultés, dans la plupart des cas nous avons contrôlé leur existence dans la liste alphabétique des villes et communes et lieux dits, édictée par la poste.
La description est sans aucun doute le paragraphe qui nous a causé le plus de problèmes. Que dire ? Tout, ce n’était pas possible et souvent la réalité était si difficile à extraire des récits publiés ! Nous avons toujours essayé de situer le ou les siphons par rapport à l’entrée. La description sommaire indique la longueur (L100) la profondeur (P12) en mètres. Lorsqu’il y a plusieurs siphons, ils sont décrits dans l’ordre : S1, S2… Si des galeries les séparent, elles sont indiquées G1, G2, suivies de leur longueur (G1: 200 m). Nous avons complété en ajoutant les détails donnés par l’explorateur : courant, graviers, boue, étroiture… Lorsque le texte était insuffisant, nous avons fait la description à partir du plan. Les plans qui accompagnent le texte sont extraits des publications. Il nous a semblé intéressant de mettre parfois plusieurs plans, dans l’ordre chronologique des explorations.